Les bouleversements économiques recomposent aujourd’hui le paysage des entreprises. Un géant que l’on croyait éternel vacille, un secteur d’activité régresse, un savoir-faire disparaît, toutes ces circonstances génèrent beaucoup d’émotions qui nous secouent. Souvenez-vous de En Guerre
de Stéphane Brizé sur le combat pour sauver une usine. Peur, panique.
Ces bouleversements révèlent aussi au grand jour la tendance pathogène des entreprises qui se sont uniquement construites sur la volonté de profit. Sorry, we missed you
de Ken Loach montre l’ubérisation à outrance ou de Ceux qui travaillent
d’Antoine Russbach revient sur le cynisme du cost-cutting
dans de grandes entreprises. Colère, tristesse.
Joie, espoir sont aussi de la partie ! Le changement de paradigme économique est l’occasion de faire émerger des entreprises innovantes et durables. Au cinéma, miroir de nos peurs comme de nos joies, Demain
de Mélanie Laurent et Cyril Dion, va à la rencontre de ces initiatives citoyennes, de ce qu’on entre - prend ensemble et qui sont la promesse de nouveaux futurs.
Ce que nous montre ces exemples de films, c’est que l’émotion est au cœur de la vie avec les autres dans le monde professionnel.
En négatif, l’émotion qui imprègne l’environnement professionnel, l’émotion que l’on ressent peut inhiber l’action. Quand l’entreprise provoque des réactions négatives, le premier réflexe est de contrôler ses émotions, d’empêcher qu’elles adviennent. C’est une solution cocotte-minute : plus le couvercle est étanche, plus cela bout à l’intérieur et plus cela risque d’exploser, par exemple sous la forme d'un conflit ou d'une maladie grave.
En positif, il est important de se rappeler qu’une émotion sert avant tout à passer à l’action : chacune des émotions primaires négatives (peur, colère, tristesse) sont des indicateurs de ce qui passe
factuellement autour de soi ou en soi. Elles donnent systématiquement accès à une information utile qui permet, si elle est écoutée, de mettre en place l’action appropriée pour revenir à la normalité
: joie, bien-être, fierté, ou juste neutralité.
C’est un chemin en plusieurs étapes, dont la première est d’identifier l’émotion exacte ressentie : peur, colère ou tristesse ? Quelle est l’intensité de cette émotion ? Quelle information utile me donne-t-elle ? Et surtout, quelle action dois-je mettre en place ?
Ainsi la colère indique qu’une limite est dépassée, qu’elle soit physique ou symbolique. Par exemple quand on est victime ou spectateur d’une injustice, d’une frustration, ou d’un coup de canif dans nos valeurs constitutives. L’action à mettre en place pour calmer cette émotion de colère parle d’insuffler du changement, de remettre des limites, de re-poser ses valeurs. Sans colère, il n’existerait pas de volonté d’agir, comme ces hackathons
qui se déploient dans le monde entier pour trouver des solutions à la pandémie du Covi-19.
La tristesse quant à elle se manifeste face à la perte ou à la fin de quelque chose, là encore, concrètement ou symboliquement. Elle n’appelle qu’une chose : le réconfort, l’accueil inconditionnel, et le temps – plus ou moins long – de l’acceptation. Sans tristesse, il serait impossible de faire le deuil
d’une situation, d’une relation, d’une perte. Impossible par exemple de tourner la page du monde d’avant le Covid, ces douces années où nous pouvions sortir en toute liberté… Et impossible donc d’imaginer un après, d’ouvrir le champ des possibles, de créer de nouvelles habitudes, comme celle de sortir masqué.
La peur est un indicateur indispensable pour nous mettre en alerte devant un danger, qu’il soit réel ou imaginé. Les actions à mettre en place pour se remettre en sécurité, sont différentes selon les situations : fuite, attaque, paralysie, ou mise en perspective, ici et maintenant, de qui je suis et de quels sont mes talents. Sans peur, les règles du confinement ne seraient pas autant respectées. Sans peur, il n’y aurait pas de surpassement de soi du personnel hospitalier, qui lutte chaque jour contre la maladie en s’appuyant sur des gestes et des protocoles mille fois répétés.
Enfin la joie, l’état le plus confortable pour nous et notre cerveau et qui appelle le partage, la célébration. Cette joie peut avoir différents niveaux : être juste bien, l’euphorie, le plaisir, le confort, la délectation, l’émerveillement, la fierté, la reconnaissance, ou simplement l’absences d’émotions négatives.
Une dernière étape consiste à se concentrer sur ce qui apporte de la joie et de l’envie, pour construire ensemble un monde économique durable et positif. Ce sont les fondamentaux sur lesquels on construit des B Corp, les entreprises qui agissent pour conduire l’économie vers la responsabilité vis à vis de l’environnement, de la société et des gens. En 2019, 26 entreprises françaises ont été labellisées B Corp et sont devenues de nouveaux aimants pour les talents aux compétences émotionnelles importantes.
Construire avec joie, c’est aussi ce qui fait la force de réseaux d’entreprises ou de coopératives qui mutualisent leurs métiers et leurs talents, pour développer ensemble des écosystèmes plus agiles et résilients. Durant la crise du Covid, des ateliers et des industriels se sont mis en réseau pour fabriquer, qui des masques, qui des respirateurs au service de besoins locaux, qui un CHU, qui les pompiers. Ce sont de nouveaux entrepreneurs ou coopérateurs qui sont au cœur de ce mouvement. Ce sont eux qui comprennent le mieux leurs émotions positives comme la joie, la fierté et qui s’appuient sur elles pour construire un monde plus humain.
L’intelligence émotionnelle est un capital recherché
Il fait la différence entre deux individus ou deux candidats. Popularisée et élargie par les
travaux de Daniel Goleman, l’intelligence émotionnelle est synonyme d’empathie, de fluidité et de flexibilité. En management ou en leadership, l’empathie est la capacité à entendre les émotions d’une personne ou d’une équipe face à soi ; la fluidité est la possibilité d’utiliser les réactions des individus ou de l’environnement comme de nouvelles ressources à la réflexion et à l’action ; la flexibilité concerne l’ensemble des compétences de négociation ou de pivot vers un nouvel horizon professionnel.
On peut mettre ces compétences en valeur sur son CV et les raconter sous forme d’une histoire au cours d’un entretien. Le parcours du manager ou du dirigeant est émaillé de succès et d’erreurs dans la gestion émotionnelle d’un projet ou d’une équipe.
On peut aussi réactualiser la pratique de ce capital émotionnel. Chez
ResetnGo, nous proposons de travailler ces compétences en s’appuyant sur le Horse-Coaching, qui met face à face l’homme et l’animal, tous deux en liberté, pour mieux se réapproprier des émotions souvent ignorées et des postures de management ou de leadership à réinventer pour agir dans un monde en transformation.